Milieu artistique

Les voyages

Reconstituer les voyages de J. Guiaud n’est pas toujours chose aisée. La correspondance entre Guiaud et ses amis ou entre ses amis entre eux nous apprend ses déplacements en particulier jusqu’à son départ pour Nice. Ses dessins, aquarelles et tableaux permettent aussi de prendre conscience des curiosités du peintre pour l’étranger où il cherche le dépaysement et la vérité des caractères et des modes de vie. Les paysages, les spectacles de la nature, l’architecture des villes, qu’il a dessinés, peints, alimentent en outre le travail qu’il expose chaque année au Salon.
Il s’est nourri de ces expériences répétées particulièrement en Italie, en Belgique, en Allemagne, dans les Pyrénées et à Pau, à Nice où il réside pendant 13 ans, en Espagne aussi et enfin en Bretagne.

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Les relations professionnelles

Léon Cogniet
Les relations avec Léon Cogniet, le maître, durent tout au long de leurs existences respectives, Cogniet a sans doute facilité l’introduction du jeune peintre au Château de Versailles dans l’équipe qui est réunie

Cogniet Léon (1794-1880). Paris, musée du Louvre. INV3287.

autour de Jean Alaux, chargé des décors du rez-de-chaussée du musée d’histoire de France. Toujours attentif aux travaux de son élève il lui ouvre aussi les portes du Château de Fontainebleau dont la restauration de la Galerie des Cerfs est décidée en 1861. Il y retrouve Jean Alaux en charge de la restauration de la Galerie François 1er.

Jean Isidore Grandville
Son amitié de jeunesse avec Jean Isidore Grandville est connue. Le dessinateur caricaturiste meurt prématurément en 1847 à l’âge de 44 ans, il réalisait des caricatures de tous les hommes et femmes célèbres de son temps ; c’est un prodigieux illustrateur dont la fantaisie est sans limites. De Granville, Guiaud possède de nombreux carnets originaux et gravures, pour avoir fréquenté sa mansarde de la rue des Petits-Augustins et avoir travaillé avec lui à plusieurs occasions.

Le réseau Taylor
Isidore Justin Séverin Taylor, baron Taylor, né à Bruxelles, le 5 août 1789 et mort à Paris le 6 septembre 1879, est l’inventeur d’une œuvre monumentale, avec ses amis Charles Nodier et Alphonse de Cailleux. L’aventure des Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France démarre en 1818 (elle se poursuivra jusqu’en 1878), Taylor y emploie des dizaines d’artistes. Bien qu’inachevée cette œuvre comprend 24 volumes et quelque 3 280 planches et vignettes lithographiées.

Baron Taylor, par Madrazo y Kuntz, HST, Versailles

Jacques Guiaud y collabore, il produira 13 planches et 6 encadrements lithographiés pour trois régions : le Languedoc (1833-1834), la Picardie (1840-1845) et la Bretagne (1845-1846).
Le quatuor des amis proches de Jacques Guiaud, qui jouit de la confiance de Taylor est composé de Adrien Dauzats (1804-1868), Justin Ouvrié (1806-1879), Oscar Gué (1809-1877), et Auguste Mayer (1805-1890).
Et lorsqu’en 1844, Taylor crée diverses associations de secours mutuel aux artistes, Guiaud est au nombre des membres fondateurs, tous nommés par Taylor.

Camille Bernier
Ce peintre amoureux des scènes bucoliques bretonnes, grâce à son accueil chaleureux, permet à Jacques Guiaud de sillonner la Bretagne et de se faire le témoin de la dévotion populaire en Finistère.

Les peintres et la société niçoise
Rien n’indique des amitiés très solides avec les peintres de la Riviera. Toutefois il fait partie de la communauté artistique régionale appréciée par l’imprimeur Delbecchi dont la galerie sert de lieu d’exposition aux artistes de la région en l’absence de lieu plus approprié ; ce dernier est le commanditaire probable d’un album de 45 aquarelles de Nice et du pays niçois.

Le bon connaisseur du séjour niçois de Guiaud qu’est Jean Paul Potron, conservateur de la Bibliothèque de Cessole, écrit à propos de cet album : « Ce recueil est l’œuvre d’un projet réfléchi : élaboré à partir d’une commande spécifique, il représente un ensemble cohérent. Le voyage pittoresque que cet album offre à travers Nice et ces environs montre une originalité, une connaissance du territoire, une maîtrise dans l’art de l’aquarelle rarement atteinte sur cette partie de la Riviera. »
Jacques Guiaud travaille beaucoup pour la riche colonie étrangère venue passer l’hiver à Nice. La grande duchesse de Bade, la comtesse Potocka lui commandent plusieurs vues de Nice. C’est sans doute chez cette dernière aristocrate que Guiaud peut avoir rencontré Paul Delaroche en septembre 1858.
Alphonse Karr est journaliste chroniqueur et méchante langue. Il fait carrière à Paris sous Louis-Philippe comme chroniqueur puis directeur du Figaro (1839). Homme de salons, fréquentant les théâtres, les cafés, il égratigne de sa plume ce que Paris compte de sommités. Après le coup d’état de Napoléon III, il s’exile à Nice y créé la Gazette de Nice qui rassemble dans ses salons l’intelligentzia niçoise.
Paul Delaroche
Plus âgé que Guiaud d’une dizaine d’année, élève de Watelet, il participe aux Salons, y remporte des succès et crée pratiquement un genre historique « anecdotique » qui lui vaut son succès. Son œuvre maitresse est la fresque de l’Hémicycle de l’Ecole des Beaux-Arts à Paris.

Les peintres parisiens

La commande d’Alfred Binant et le Siège de Paris (1870-1871)
Un marchand de tableaux parisien, Alfred Binant, commande à divers peintres 36 tableaux du Siège de Paris ; 7 de ces tableaux sont au

Musée Carnavalet.
Ils respectent la chronologie du Siège depuis la proclamation du gouvernement provisoire destituant napoléon III, par Gambetta, sur les marches de l’Assemblée nationale le 4 septembre 1870, après la défaite de Sedan, jusqu’à l’évocation de la vie quotidienne en temps de Siège. Guiaud travaille à ces représentations, avec des confrères, pour la plupart d’une autre génération. Il peint 26 toiles, associé à Jules Didier, A. Decaen, Lacoste Brunner, A. Demaresq, H. Dupray.

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