Les cahiers du musée des Beaux Arts de Rennes
Sous le ciel d’Italie (par Olivia Sabatier)
Vers 1870 (Salon de 1874)
Huile sur toile. 149 x 106 Cm.
Historique dépôt de l’état (FNAC) en 1875.
Inv .D.1875.1.4
Jacques Guiaud (Chambéry 1811-Pais 1876)) est l’élève de Louis-Etienne Watelet et de Léon Coignet. Il expose au Salon de 1831 à sa mort, obtient plusieurs médailles.. II est connu pour ses nombreuses vues de monuments et de villes réalisées lors des ses voyages en Europe.
Comme beaucoup de ses pairs au métier solide qui parcoururent l’Europe pour en rapporter d’indéniables sujets pittoresques à destination des bourgeois, Guiaud fut un habitué du Salon de Paris et de ses médailles, reconnaissant justement un talent aussi classique que séduisant. Ainsi rapporte-t-il de nombreuses vues du Tyrol, de Souabe, de Suisse, de Hollande, d’Espagne et d’Italie, focalisant à chaque fois sur les caractéristiques exotiques de ses sujets. Ses œuvres donnent l’impression d’un catalogue touristique, car l’artiste ne néglige jamais de planter au milieu de sa toile les monuments célèbres des pays qu’il visite. L’escalier des Géants, qui doit son nom aux deux colossales statues de Mars et de Neptune qui le surmontent, appartient au célèbre Palais ducal vénitien. Outre les légendes qui le concernaient encore au XIX’ siècle (on y disait avoir décapité le doge Marino Faliero), cette architecture de marbre est depuis son origine un parangon de l’architecture italienne de la Renaissance.
Guiaud a-t-il voulu traduire, au-delà de l’imposante et inquiétante dignité de la façade gothique, cette ambiance d’intrigues italiennes qui fit l’heur d’un certain genre de paysagistes, épris de prélats interlopes évoluant dans des architectures grandioses? On ne peut être que surpris en tout cas par la précision quasi photographique de cette œuvre, alors que la touche de Guiaud, quoique soumise à un dessin parfait, est le plus souvent évanescente et légèrement floue. Les personnages représentés au centre, habituellement anecdotiques et donnant l’échelle aux espaces urbains, comme la miséreuse assise au pied du mur, semblent prendre ici une importance particulière, comme si l’artiste souhaitait nous rendre témoins des trames de la grande histoire au quotidien.